Ce n’est pas parce qu’on se sent puissamment attiré par quelqu’un ou quelque chose que c’est pour les bonnes raisons…
Il y a quelques années, j’ai eu une sorte de coup de foudre pour un homme que j’ai rencontré dans le contexte professionnel. Dès qu’il est entré dans la pièce et que je l’ai vu, j’ai senti un vortex m’aspirer vers lui, comme si une force invisible me tirait. À cause de cela, et du sentiment de familiarité que je sentais en sa présence (et aussi de ses belles qualités, bien sûr), j’ai déduit que je devais et voulais former un couple avec lui. Et nous nous sommes fréquentés, effectivement.
Or, bien qu’il ne s’est rien passé de dramatique, j’ai rapidement constaté que ce n’était pas du tout une personne pour moi. En fait, j’aurais pu le constater dès le début, mais le «coup de foudre» me semblait plus significatif que les démonstrations de sa fragilité.
J’étais perplexe, et surprise. Après tout, j’avais senti cet appel si fort. Comment était-ce possible?
Quand j’en ai parlé à une amie, elle m’a posé une question que je n’avais jamais même considérée, et que j’ai trouvée fascinante : «Le vortex que tu as senti en le rencontrant… était-ce un vortex rempli ou un vortex vide?»
C’est le genre de question qu’on ne se pose pas, n’est-ce pas? On sent une énergie qui semble nous guider quelque part, et on déduit automatiquement que c’est beau et sain et magnifique. Notre «vocabulaire» est étonnamment limité, lorsqu’il est question de ces forces invisibles qui nous tirent vers une personne ou une autre. En général, ça se limite à l’équivalent d’un interrupteur, avec seulement les options «on» et «off», sans grandes nuances… Si l’attirance est à «on», on présume que ça veut toujours dire la même chose et qu’on doit y aller.
Il y a une foule de raisons qui peuvent nous amener à être magnétisé par quelqu’un. Ce n’est pas parce qu’on a une attirance que celle-ci est ancrée dans quelque chose de sain. Ce n’est pas parce qu’on a un lien profond rapidement que c’est un lien constructif. Ce n’est pas parce qu’on sent une familiarité inexplicable avec un étranger que cette familiarité gagne à être explorée. Et ce n’est pas parce qu’on sent une sorte de «colle» invisible qui nous lie à l’autre qu’on est censé rester à ses côtés.
Parfois, c’est le vide de l’autre qui réveille la partie de nous qui ne se croit digne de faire que du remplissage.
Parfois, ce sont nos blessures respectives qui sont toutes excitées de pouvoir s’entretenir mutuellement (ce qui revient plus ou moins au point précédent, finalement).
Parfois, c’est l’attirance du prédateur et de la proie qui se reconnaissent mutuellement.
Parfois, on a côtoyé l’autre pendant plusieurs vies, et c’est tout. On n’a pas tant à s’apporter dans celle-ci.
Parfois, l’autre a simplement une belle énergie, et bien qu’on puisse la sentir et l’apprécier, on n’a pas de grande connexion avec lui et on ne gagne pas particulièrement à se rapprocher.
Parfois, l’attirance est très forte, donc on présume automatiquement qu’elle est amoureuse, mais elle est profondément amicale en réalité.
Oh, et parfois, bien sûr, c’est une simple chimie physique de surface.
Élargir notre vocabulaire à ce niveau peut être crucial pour bien s’orienter. Par exemple, on peut se demander (comme mon amie m’avait demandé) : «Est-ce un vide qui m’aspire ou un "plein" qui m’invite à me joindre à lui?» Ou : «La "colle" qui me lie à elle/lui est-elle saine?» Ou : «Est-ce un manque que je tente de combler ou un appel du cœur?» Ou : «Profonde ou non, cette connexion m’élève-t-elle?»
Donc oui, dans ce cas comme dans bien d’autres, on gagne à se ramener à ce qu’il y a de plus simple : aller vers ce qui est beau et nourricier. Se créer un environnement qui honore la plus lumineuse et la plus grande partie de nous. Et prendre au sérieux ce que les faits sont en train de nous prouver. Car il y aura toujours des courants de toutes sortes qui nous tireront dans bien des directions. Mais on peut créer notre propre courant, aussi, en accueillant ce qui nous habite avec discernement et en restant intensément à l’écoute de ce qu’on veut vraiment.
En vous souhaitant un très magnifique début de semaine…
XOX
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