jeudi 17 novembre 2016

Le combat d'Irène porté à l'écran

La fille de Brest.

Le combat d'Irène frachon à l'écran  16.11.2016 | 07:00 0

« La Fille de Brest », le film qui retrace le combat d'Irène Frachon contre le Mediator, le coupe-faim des laboratoires Servier, sort en salles le 23 novembre. Un film qui, espère la pneumologue brestoise, aura « un rôle mémoriel » pour le public et les étudiants en médecine. Mercredi prochain, le 23 novembre, un film très attendu à Brest sort dans les salles.





 "La Fille de Brest ", le dernier long-métrage d’Emmanuelle Bercot (à droite sur la photo), raconte l’histoire du combat de la pneumologue du CHRU de la Cavale Blanche Irène Frachon (à gauche), contre le Mediator, un médicament du laboratoire Servier responsable de la mort d’au moins 2.000 patients.

 « Ce film, il m’a été proposé par les productrices d’Haut et court, Carole Benjo et Caroline Scotta, raconte Emmanuelle Bercot. Je connaissais un peu l’affaire du Mediator, mais c’est surtout ma rencontre avec Irène qui m’a convaincu. Irène, elle est tout sauf barbante ».

 Emmanuelle Bercot, une habituée du milieu médical

Encore fallait-il convaincre Irène Frachon de céder les droits de son livre, « Mediator 150 mg, combien de morts ? » (éditions Dialogues), à partir duquel le film est adapté, à la production Haut et Court et la réalisation du film à Emmanuelle Bercot.
« La détermination des productrices a beaucoup compté. Elles m’ont proposé un prix d’achat de droit conséquent. Cela me permet de financer mon combat pour les victimes, prendre en charge le transport funéraire pour les autopsies, financer le trajet de patients lorsqu’ils ont des examens complémentaires à faire ou financer certains frais d’avocat. Quant à Emmanuelle Bercot, elle m’a dit qu’elle ferait ce film avec tout son coeur, que son père était chirurgien et qu’elle connaissait très bien ce milieu ».

 « Sidse et Irène, ce sont deux clowns »
Irène séduite par le projet, s’ensuit une année d’enquête pour la production, auprès d’Irène Frachon et des multiples protagonistes de cette affaire, puis trois ans pour l’écriture du scénario. Restait à trouver l’actrice qui allait incarner la lanceuse d’alerte brestoise à l’écran.
Pas une mince affaire.
« Je ne voyais aucune actrice française dans sa tranche d’âge qui pouvait l’incarner », observe Emmanuelle Bercot.
 C’est finalement Catherine Deneuve qui lui souffle l’idée de l’actrice danoise, révélée dans Borgen, Sidse Babett Knudsen.

« Je ne savais même pas qu’elle existait. Lorsque je l’ai rencontré, à Copenhague, j’ai vu un tempérament qui m’a beaucoup plu, avec une énergie vitale monstrueuse. Sidse et Irène, ce sont toutes les deux des clowns ».

 Un rôle mémoriel 

Au-delà de l’histoire du combat d’Irène Frachon contre les laboratoires Servier, La fille de Brest dévoile une autre facette de la lanceuse d’alerte brestoise, une personnalité plus facétieuse que ce qu’elle montre dans sa vie publique, et donc plus humaine.
« Je joue un rôle dans les médias. Ce que j’ai à faire dans le domaine public, c’est dénoncer ce drame, explique Irène Frachon. Quand je sais que la caméra se met sur moi, je fais la tronche ».
Une posture publique aux antipodes de la personnalité de la pneumologue brestoise.
 Malmenée encore aujourd’hui par une partie de la nomenklatura médicale, Irène Frachon espère que ce film jouera un rôle « mémoriel.
"Je suis sidérée de voir, six ans après l’éclatement médiatique de cette affaire, que l’oubli arrive. Je pense particulièrement aux jeunes étudiants en médecine qui n’avaient pas entendu parler de cette affaire car ils avaient 14 ans à ce moment-là. Aujourd’hui, je suis sollicitée de toutes parts par les facs de médecine pour échanger avec les étudiants. Je suis allée à Tours pour une projection et des centaines d’étudiants étaient présents, alors que l’information de ma venue avait été bloquée par la fac ».
 Une affaire loin d’être terminée
Comme elle le constate au quotidien, « l’affaire du Mediator est encore méprisée, notamment par une certaine nomenklatura médicale pour qui il s’agit d’abord d’une affaire médiatique. Le film est un document pour les étudiants en médecine et une illustration pour les usagers de la santé ».

Le corps à corps entre Servier et Irène Frachon est, lui, toujours en cours. L’indemnisation des victimes reste un combat de chaque instant et la date du procès au pénal n’est toujours pas fixée. Après neuf années de lutte, le générique de fin du combat d’Irène Frachon semble encore loin.

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