PIERRE DURAND : HISTOIRES SANS PAROLES
Publié le 25 octobre 2016 - N° 248
Après Chapter One : NOLA Improvisations, sorti fin 2012, album solo enregistré à la Nouvelle Orléans, le guitariste Pierre Durand signe Chapter Two : Libertad ! entouré de son ROOTS 4tet composé de Hugues Mayot au saxophone, Guido Zorn à la contrebasse et Joe Quitzke à la batterie. De la musique à foison.
Ce disque sonne comme un prolongement de l’album précédent avec ces mondes si personnels que vous faites émerger…
Pierre Durand : Dès mon disque précédent, j’ai joué tout ce qui m’avait donné envie d’être musicien: l’improvisation, le blues, le mélange des genres. Dans ce second album, je continue cette démarche mais en groupe. Cet album propose une certaine définition du jazz qui n’est pas selon moi un style de musique mais plutôt un état d’esprit. Le jazz est bien sûr influencé par le pays qui l’a vu naître, les Etats-Unis, mais sa raison d’être est avant tout de mélanger n’importe quelle musique du monde avec de l’imprévu, c’est-à-dire l’improvisation. Un musicien allemand m’a dit après avoir écouté ce disque que c’était de la « musique urbaine primitive ». J’aime bien cette définition !
« Métisser sans être superficiel, respecter l’art de l’improvisation. »
Vous écrivez votre projet en différents chapitres…
P. D. : Ce disque est le second chapitre d’un livre musical qui en comprendra sept. Il s’inscrit dans un cheminement musical et personnel que je ferai en même temps que l’auditeur. La vie est une évolution quotidienne, la musique aussi. On joue comme on est, on est comme on joue. Je n’ai pas oublié mes racines Blues où la technique peut tuer l’âme de cette musique. J’essaie juste de faire sonner ce que j’entends. Ce qui me nourrira dans trois ans sera différent de ce qui me nourrit aujourd’hui. Mais j’ai toujours été attiré par les musiques dont on sent que les origines viennent de très loin. Ce dont je suis sûr, c’est que ce livre en musique reflètera ce qui est au cœur de mes convictions musicales: métisser sans être superficiel, respecter l’art de l’improvisation, être libre, sincère et engagé.
Votre musique raconte-t-elle des histoires ?
P. D. : Oui, je cherche à raconter des histoires musicales, sans paroles. Je suis profondément marqué par des musiciens comme Charles Mingus, Ornette Coleman, le Liberation Orchestra (l’album « Ballad of the Fallen » !) qui chargent les notes d’un sens qui dépasse l’exécution de la note elle-même. La musique devient « porte-parole », dans tous les sens du terme. J’admire ces musiciens qui sont capables d’une telle prouesse. A mon petit niveau, c’est ce que j’essaie de faire lorsque je compose. Sur tel morceau, je raconte la journée d’un homme-caméléon qui ne vit que par le regard des autres. Dans tel autre je raconte l’état dans lequel on peut être quand il y a d’un côté ce qu’on veut et de l’autre ce qu’on choisit. Avec ce groupe nous jouons des états émotionnels.
Propos recueillis par Jean-Luc Caradec
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