Emmanuelle Bercot : "Maïwenn le Besco a tout révélé de moi"
De retours en arrière progressifs, en plans serrés et champs-contre-champs, Maïwenn le Besco dans son 4ème film "Mon Roi" nous bouscule, nous secoue, et finit par nous fait chavirer avec ce couple qui s'aime et se déchire. Une mise en abîme filmée avec une forme de sauvagerie contenue qui nous renvoie à nos propres failles… celles d'avoir -presque- toutes eu un jour dans la peau une homme qui ne nous convient pas. Tony, avocate forte et indépendante, qui succombe au charme ravageur de Giorgio est transfigurée par Emmanuelle Bercot. Un rôle qui a valu à l'actrice (et réalisatrice de la Tête haute) le prix d'interprétation au Festival de Cannes 2015.
Désirée de Lamarzelle : C’est un film qui parle du couple,
de la passion, mais aussi de notre capacité à choisir ce que l’on fait
de notre vie ?
Emmanuelle Bercot : Oui dans le sens où ce film montre l’incapacité qu'a cette femme pendant 10 ans à se séparer d’un homme qui ne la rend pas heureuse et qu’elle ne rend pas heureux. Elle met énormément de temps à s'en rendre compte puis à accepter que cela n’est pas possible entre eux, malgré tout l’amour qu’ils peuvent se porter. La liberté de choix de se séparer de cet homme est un long parcours.
Vincent Cassel est particulièrement convaincant dans ce rôle de saltimbanque flamboyant. Comment définiriez-vous son personnage ?
Oui ils ont été heureux. Mais oui effectivement je le définis comme vous : il est flamboyant. Il est drôle, beau, séduisant, fantaisiste, libre, ou en tout cas c’est comme ça qu’il apparaît. Maintenant on n’a jamais accès à ce qu’il est lui lorsqu’il est seul face à lui même. On ne sait pas qui il est et si il souffre, ou pas, de cette relation. On sait assez peu de choses de lui et il reste finalement assez mystérieux. Je pense que c’est un personnage insaisissable et c’est ce qui la fait souffrir, parce qu’elle voudrait le posséder. Ce qui la séduit chez lui finit par lui être insupportable.
C’est aussi un film qui parle beaucoup de la femme d’aujourd’hui ? Indépendante et volontaire, mais dont la force n'empêche jamais les failles ?
Elle est moderne dans le sens ou elle a un travail passionnant, elle est indépendante financièrement. Elle vit quand même des choses intenses et excessives amoureusement, et par ailleurs, du moment ou elle a un enfant, ça devient le centre de son combat. Parce que si elle se bat aussi loin pour préserver ce couple avec Giorgio c’est aussi pour que cet enfant ait ses parents ensemble. C’est quelqu’un de très idéaliste, qui, une fois qu’elle à son enfant, trouve un sens à sa vie. Comme beaucoup de femmes. Cela devient LA chose à protéger par dessus tout.
Est-ce particulier de recevoir un prix d’interprétation lorsqu’on est une réalisatrice ?
Peu importe que je sois réalisatrice, en tant qu’actrice, un prix d’interprétation à Cannes, c’est quand même le prix le plus prestigieux au monde, vraiment !
L'improvisation est au coeur du travail de Maïwenn le Besco ?
Oui, tout est improvisé. Enfin « tout », tous les dialogues sont improvisés. Nous n’avons dit aucun des dialogues qui étaient écrits dans le scénario. Un scénario qui est par ailleurs totalement écrit comme n’importe quel scénario, avec ses scènes et ses dialogues! Mais la méthode de Maïwenn, en tout cas sur ce film, consiste justement à ne pas répéter ses répliques.
Avec des dialogues incroyables qui sonnent particulièrement justes…
Oui, parce que nous sommes obligés de faire comme dans la vie. On ne sait pas ce qu’on va dire, il faut régler une situation et on est obligé de réagir à ce que l’autre va nous dire. Finalement à la fin les acteurs son presque les auteurs mais Maïwenn ne nous laisse pas tous seuls dans ce travail parce qu’elle intervient énormément pendant qu’on joue, elle souffle, parce quelle trouve là ou elle veut aller au fur et à mesure. Et puis elle nous dirige aussi pendant que nous jouons. C’est un travail qui se fait sur le vif, mais à trois.
Le succès d’un film repose-t-il beaucoup sur le casting, sur l’alchimie entre les acteurs ?
Oui, c’est capital. Je crois que le choix des acteurs c’est vraiment une part énorme d’un film. Si on se trompe on peut aller droit à la catastrophe. Et si on ne s’est pas trompé ça peut être magique. Là c’est vrai que la réussite du couple, le fait que ça marche, le fait que le spectateur croit en ce couple, c’était un pari énorme de la part de Maïwenn. Elle a été tout de suite convaincue que Vincent Cassel et moi, ça allait marcher. Moi j’étais beaucoup plus sceptique.
Comment vous a t-elle convaincu ?
Elle m’a laissé le temps d’hésiter et de douter et puis finalement c’est sa conviction si l'a emporté. Je me suis dit que si elle en était convaincue, je devais lui faire confiance. Je me disais que je n’étais pas apte à porter un regard sur ses choix. Soit j’y allais soit je n’y allais pas mais si j’y allais il fallait que je me laisse faire. Quand j’ai vu le film je me suis dit que le couple marchait incroyablement bien, et je n’y aurai jamais cru à ce point.
L'improvisation sur un tournage c'est une forme de récréation ?
Pas du tout, c’est épuisant de travailler comme ça ! On a aucune béquille, on n’a pas l’appui d’un texte, il faut toujours être là à 100% sinon ça ne marche pas. Donc cela demande même beaucoup plus que sur un tournage traditionnel. Il faut s’investir totalement et on ne peut pas tricher. Ca demande beaucoup d’énergie.
Quel est votre meilleur souvenir du tournage ?
J’en ai pleins. Chaque jour a été passionnant. Chaque jour était un saut dans le vide. On ne savait ni ce qu’on allait expérimenter, ni vivre. Mais Vincent est quelqu’un de très drôle donc j’ai beaucoup ri. Par exemple, ce qui est très emblématique de la façon de travailler de Maïwenn, lors de la scène du mariage (moi je ne me suis jamais mariée donc je ne sais pas ce que c’est) elle a voulu être très proche de la vie, donc je n’avais pas vu Vincent avant de faire mon entrée à la marie. Chacun s’était préparé de son côté comme on l’aurait fait dans la vraie vie. Donc j’ai eu cet espèce de vertige, de trac ! Comme quelqu’un qui allait se marier pour de vrai ! Et le soir c’est vrai que j’étais sur un petit nuage, j’avais l’impression de m’être mariée !
Quels sont vos projets maintenant ?
Depuis je me suis remise au travail parce que je commence le tournage d’un film dans un mois. C’est un film sur l’affaire de Médiator, sur le personnage d’Irène Frachon.
Louis Garrel dans un registre comique c’est aussi ça le talent d'une réalisatrice à repérer d'autres facettes d'un acteur ?
Ah oui pour moi c’était une révélation parce que je le connaissais pas dans la vie. Et en fait c’est quelqu’un d’extrêmement drôle mais c'est un registre qu’on ne connaissait pas de lui. C’est une vraie découverte, c’était un plaisir de travailler avec lui.
Chez vous quelle est la principale facette qui a été révélée à l’écran ?
Toutes les facettes ont été révélées parce que moi à la base je n’étais pas connue de public. Maïwenn a donc tout révélé de moi.
Emmanuelle Bercot : Oui dans le sens où ce film montre l’incapacité qu'a cette femme pendant 10 ans à se séparer d’un homme qui ne la rend pas heureuse et qu’elle ne rend pas heureux. Elle met énormément de temps à s'en rendre compte puis à accepter que cela n’est pas possible entre eux, malgré tout l’amour qu’ils peuvent se porter. La liberté de choix de se séparer de cet homme est un long parcours.
Vincent Cassel est particulièrement convaincant dans ce rôle de saltimbanque flamboyant. Comment définiriez-vous son personnage ?
Oui ils ont été heureux. Mais oui effectivement je le définis comme vous : il est flamboyant. Il est drôle, beau, séduisant, fantaisiste, libre, ou en tout cas c’est comme ça qu’il apparaît. Maintenant on n’a jamais accès à ce qu’il est lui lorsqu’il est seul face à lui même. On ne sait pas qui il est et si il souffre, ou pas, de cette relation. On sait assez peu de choses de lui et il reste finalement assez mystérieux. Je pense que c’est un personnage insaisissable et c’est ce qui la fait souffrir, parce qu’elle voudrait le posséder. Ce qui la séduit chez lui finit par lui être insupportable.
C’est aussi un film qui parle beaucoup de la femme d’aujourd’hui ? Indépendante et volontaire, mais dont la force n'empêche jamais les failles ?
Elle est moderne dans le sens ou elle a un travail passionnant, elle est indépendante financièrement. Elle vit quand même des choses intenses et excessives amoureusement, et par ailleurs, du moment ou elle a un enfant, ça devient le centre de son combat. Parce que si elle se bat aussi loin pour préserver ce couple avec Giorgio c’est aussi pour que cet enfant ait ses parents ensemble. C’est quelqu’un de très idéaliste, qui, une fois qu’elle à son enfant, trouve un sens à sa vie. Comme beaucoup de femmes. Cela devient LA chose à protéger par dessus tout.
Est-ce particulier de recevoir un prix d’interprétation lorsqu’on est une réalisatrice ?
Peu importe que je sois réalisatrice, en tant qu’actrice, un prix d’interprétation à Cannes, c’est quand même le prix le plus prestigieux au monde, vraiment !
L'improvisation est au coeur du travail de Maïwenn le Besco ?
Oui, tout est improvisé. Enfin « tout », tous les dialogues sont improvisés. Nous n’avons dit aucun des dialogues qui étaient écrits dans le scénario. Un scénario qui est par ailleurs totalement écrit comme n’importe quel scénario, avec ses scènes et ses dialogues! Mais la méthode de Maïwenn, en tout cas sur ce film, consiste justement à ne pas répéter ses répliques.
Avec des dialogues incroyables qui sonnent particulièrement justes…
Oui, parce que nous sommes obligés de faire comme dans la vie. On ne sait pas ce qu’on va dire, il faut régler une situation et on est obligé de réagir à ce que l’autre va nous dire. Finalement à la fin les acteurs son presque les auteurs mais Maïwenn ne nous laisse pas tous seuls dans ce travail parce qu’elle intervient énormément pendant qu’on joue, elle souffle, parce quelle trouve là ou elle veut aller au fur et à mesure. Et puis elle nous dirige aussi pendant que nous jouons. C’est un travail qui se fait sur le vif, mais à trois.
Le succès d’un film repose-t-il beaucoup sur le casting, sur l’alchimie entre les acteurs ?
Oui, c’est capital. Je crois que le choix des acteurs c’est vraiment une part énorme d’un film. Si on se trompe on peut aller droit à la catastrophe. Et si on ne s’est pas trompé ça peut être magique. Là c’est vrai que la réussite du couple, le fait que ça marche, le fait que le spectateur croit en ce couple, c’était un pari énorme de la part de Maïwenn. Elle a été tout de suite convaincue que Vincent Cassel et moi, ça allait marcher. Moi j’étais beaucoup plus sceptique.
Comment vous a t-elle convaincu ?
Elle m’a laissé le temps d’hésiter et de douter et puis finalement c’est sa conviction si l'a emporté. Je me suis dit que si elle en était convaincue, je devais lui faire confiance. Je me disais que je n’étais pas apte à porter un regard sur ses choix. Soit j’y allais soit je n’y allais pas mais si j’y allais il fallait que je me laisse faire. Quand j’ai vu le film je me suis dit que le couple marchait incroyablement bien, et je n’y aurai jamais cru à ce point.
L'improvisation sur un tournage c'est une forme de récréation ?
Pas du tout, c’est épuisant de travailler comme ça ! On a aucune béquille, on n’a pas l’appui d’un texte, il faut toujours être là à 100% sinon ça ne marche pas. Donc cela demande même beaucoup plus que sur un tournage traditionnel. Il faut s’investir totalement et on ne peut pas tricher. Ca demande beaucoup d’énergie.
Quel est votre meilleur souvenir du tournage ?
J’en ai pleins. Chaque jour a été passionnant. Chaque jour était un saut dans le vide. On ne savait ni ce qu’on allait expérimenter, ni vivre. Mais Vincent est quelqu’un de très drôle donc j’ai beaucoup ri. Par exemple, ce qui est très emblématique de la façon de travailler de Maïwenn, lors de la scène du mariage (moi je ne me suis jamais mariée donc je ne sais pas ce que c’est) elle a voulu être très proche de la vie, donc je n’avais pas vu Vincent avant de faire mon entrée à la marie. Chacun s’était préparé de son côté comme on l’aurait fait dans la vraie vie. Donc j’ai eu cet espèce de vertige, de trac ! Comme quelqu’un qui allait se marier pour de vrai ! Et le soir c’est vrai que j’étais sur un petit nuage, j’avais l’impression de m’être mariée !
Quels sont vos projets maintenant ?
Depuis je me suis remise au travail parce que je commence le tournage d’un film dans un mois. C’est un film sur l’affaire de Médiator, sur le personnage d’Irène Frachon.
Louis Garrel dans un registre comique c’est aussi ça le talent d'une réalisatrice à repérer d'autres facettes d'un acteur ?
Ah oui pour moi c’était une révélation parce que je le connaissais pas dans la vie. Et en fait c’est quelqu’un d’extrêmement drôle mais c'est un registre qu’on ne connaissait pas de lui. C’est une vraie découverte, c’était un plaisir de travailler avec lui.
Chez vous quelle est la principale facette qui a été révélée à l’écran ?
Toutes les facettes ont été révélées parce que moi à la base je n’étais pas connue de public. Maïwenn a donc tout révélé de moi.
Par Désirée de Lamarzelle
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