vendredi 18 mars 2016

Denise Desjardins , 17 mars



À quatre-vingt-douze ans, Denise Desjardins compose avec Les Fleurs de l'âge un recueil intimiste dans lequel elle évoque son passé d'artiste et de voyageuse, ses rencontres avec les grands maîtres spirituels, ses attachements, mais aussi et surtout sa vie d'aujourd'hui, vouée au calme et à la contemplation. Si son corps est devenu fragile, son esprit, lui, n'a rien perdu de sa vivacité : tel un vieil arbre fruitier qui continue de nourrir généreusement oiseaux et passants, elle s'efforce de transmettre ce qu'elle a reçu en abondance. Attentive au germe d'éveil caché en elle, elle s'émerveille des dons de la nature. Elle observe les ciels changeants, noue des conversations avec les fleurs et les tourterelles, tout en laissant refluer les images du film de sa vie résolument hors du commun.


Fut un temps il y a près de 40 ans elle me convainquit que la solution de tout est toujours dans " plus d'amour" . Quand je lui expliquais, pratiquant le lying* avec elle, combien j'aimais mon homme et donc combien je souffrais , elle me souriait doucement en disant : vous me dites donc que vous ne l'aimez pas assez . Alors,  avec l'arrogance de mes 35 ans  je me disais qu'elle ne me comprenait pas . C'était pourtant une évidence . Paix à sa belle âme qui remit tant et tant de personnes sur la voie de l'ouverture du coeur. 

*Le lying a été conçu par Swami Prajnanpad. Ancien professeur d'université réfugié au Bengale; il accueillait quelques étudiants. Parmi eux, il y avait Arnaud et Denise Desjardin, ainsi que Frédéric Leboyer. Les entretiens qu'ils avaient ensemble s'appelaient des "sittings" tout bêtement parce qu'ils étaient assis. Quand une émotion surgissait, le maître leurs proposait de s'allonger, et de là est née l'expression "lying" . Techniquement, l'extrême simplicité empêche que l'on définisse le lying autrement que par une invitation à s'allonger, se relâcher dans l'expir, être là, présent et s'abandonner; ensuite, d'une manière plus nuancée, se laisser aller à la libre-association des idées,  souvenirs, fantasmes, etc ; 
ne rien faire et accepter de rencontrer ce qui vient. 

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