mercredi 13 mars 2019

Ces femmes qui ont aimé

Combien j'aime ces femmes de mes amies quand elles sortent d'un amour comme d'un long voyage où elles ont fait le trajet pliées en quatre dans une drôle d'histoire comme dans une valise. Et peu froissées en apparence. Cette race de femmes, comme fleurs dans le ciment, qui fait pousser la dignité même dans le béton. C'est énorme, le béton armé de l'apparence pour certaines femmes dans certaines histoires. A l'arrivée, en fin de course, elles sortent enfin, abruties, engourdies, démolies, elles se déplient, elles se déploient. Grandes sans le savoir, elles avancent sans le voir, comme elles peuvent, certaines rampent, d'autres dansent, dérivent, vacillent, s'inclinent, tombent à genoux, recherchent une ombre et l'oubli, tressent leurs jambes en noeud coulant de la douleur pour qu'elle aille se pendre dans les coulisses du souvenir. Et puis un jour, un drôle de jour qui ressemble aux autres mais n'est aucun des autres, ce jour-là, je les vois, elles avancent jusqu'à un centre de l'univers qui n'appartient qu'à elles, s'immobilisent dans la lumière, respirent comme on plonge et soudain elles émergent en lâchant la corde raide du rôle qui a failli les tuer sans que personne sache, à part les yeux du chat, sans éclat et sans traces, crime tranquille, et les voilà dehors. Déliées, rendues au monde, aux villes et aux regards, aux chats, aux mille et un reflets de l'inattendu dans leurs cheveux défaits. Elles s'ébrouent d'un coup de ce chagrin d'histoire pulvérisé dans le soleil qui s'en fout avec elles.
Là, à ce moment-là, ces femmes qui ont aimé sont du genre magnifique. Elles sont magnifiques, ces femmes de mes amies qui ont fait un long voyage et prêtes à repartir. Prêtes à l'inespéré.
Femmes, mes soeurs, je vous aime.
Lor Zevan - "Jour et Nuit"
Transmis par Marie-odile Gillard
Photo : @Pasa
Transmis par Maela 


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