"J'en ai vu certaine une nuit sans lune allumer le feu de son passé, rôder autour comme une sorcière engoncée dans son poncho, chanter pour qu'une couverture d'étoiles quelque part protège son fils et demander pardon pour tout ce qu'elle n'a pas fait. J'en connais une autre martelant le sol d'Irlande jusqu'à ce que l'odeur de la tourbe parfume ses semelles. Elle allait se mesurer à la falaise parce que toujours la mer s'ouvre muette aux corps que le ciel lâche. Seule dans le défilé, elle s'est battue avec nul autre que son ange. J'en sais encore une qui a hurlé jusqu'à la mort la main qui venait de la trahir : elle est née ce jour-là pour vivre un désert et attendre seule sa propre fin. Mais combien douce est sa compagnie. Et cette autre a préféré tordre de ses mains l'acier qui lui broyait le cœur, modeler l'argile et briser les pierres pour qu'elles révèlent un visage. Le temps lui a sculpté une couronne de ronces mais elle se tient debout. Et celle-ci ne connaît ni répit ni repos, livre à chaque instant son âme pour nous mettre en chemin. Une chorale entière habite la crypte de son cœur. Dans sa bouche résonnent tous les cantiques. Et sa voix m'appelle. Depuis l'autre rivage. Le vent décidément frappe à toutes les portes. J'en connais une autre qui cisèle les mots sans autre mandat que de répondre à ce qui la nomme. Parce que seule la rime délivre l'humain des histoires qu'il traverse. Telle autre me laissa un jour ce message :
- Ce matin, j'ai vu dans mon jardin une plume blanche, une plume d'ange. Je me suis dit : tiens, il faut que je prenne de ses nouvelles…
Parce qu'elles sont comme ça, de cette trempe-là, les femmes de ma horde.
A nos amours, mes belles !"
Extrait de LA PETITE COLERE, Maela PAUL, L'Harmattan
1 commentaire:
MAGNIFIQUE !
J'adore !
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