samedi 2 février 2019

Mais quel extra-ordinaire talent




                                                        Emmanuelle dans Face à Face


Au Théâtre de l’Atelier, Emmanuelle Bercot incarne superbement une psychiatre au bord du suicide


Emmanuelle Bercot dans Face à Face mise en scène par Lénard Matton. 
Dans “Face à face”, adapté d’un téléfilm d’Ingmar Bergman, l’actrice et réalisatrice sombre dans la dépression. Une expérience noire mais passionnante mise en scène par Léonard Matton.
Plonger dans l’inconscient d’un être, cheminer à l’intérieur de ses fantasmes et de ses rêves… Voilà ce qu’a toujours superbement autorisé le théâtre à travers ses personnages de chair et de sang, auxquels sont peu à peu mêlés, au fil de la représentation, notre propre chair et notre propre sang. Et cette exploration intime ne se fait pas seulement à travers les mots, la logique construite des phrases prononcées ; mais plutôt à travers leurs musiques, leurs rythmes, leurs non-dits et leurs pauses. Dans Face à face , adapté du film réalisé pour la télévision par Ingmar Bergman (1976), Léonard Matton — épaulé au son par son frère, Jules Matton — nous fait ainsi pénétrer, grâce aux sensations, aux désarrois, aux manques, dans la dé­pression d’une psychiatre, Jenny, qu’incarne superbement Emmanuelle Bercot.
Lumières sombres et floues, juxtaposition obscure d’images et de temporalité : tout est fait dans la scénographie et la mise en scène pour égarer le spectateur dans les labyrinthes de la détresse intérieure. Six comédiens seulement incarnent la vingtaine d’individus qui entourent le médecin au bord du suicide, du mari à la grand-mère, de la mère au pasteur. Parce que plus personne n’a de réelle existence, de réelle identité face aux angoisses destructrices et à la solitude qui embrasent Jenny ? S’il n’était parfois inutilement alambiqué et opaque, avec des longueurs, le parcours aux confins de l’être où entraîne le très doué Léonard Matton, 35 ans — fils du défunt artiste Charles Matton —, reste une passionnante et noire expérience. Aux frontières du réel, du moi et de leurs illusions, et de leurs mensonges.



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