Au cœur de chaque épreuve, il y a l'épreuve du cœur. Je veux dire par là que peu importe la difficulté qui nous est donnée à vivre, qu'elle vienne d'une enfance difficile, de la perte d'un être cher, de la dérive d'un enfant que l'on aime, d'une maladie dégénérative, d'un cancer, d'une séparation terrible, d'une catastrophe financière, le défi sera toujours et à chaque fois le même : remettre en question notre identité pour ouvrir notre cœur à ce qui nous est offert par la vie.
Plus précisément, je pense que tous les désastres de nos vies visent l'apprentissage de l'amour inconditionnel, l'amour de la vie sans condition, une ouverture joyeuse et amoureuse sans souci pour soi-même.
Toute forme d’écueil vient remettre en question des croyances et des prétentions que nous avons par rapport à l’existence. Nous sommes convaincus qu’en vivant de telle ou telle façon, nous arriverons à éviter les écueils de la vie. C’est même là notre transaction fondamentale avec notre destin : je serai joyeux, courageux et optimiste à condition que l’existence ne soit pas trop dure avec moi. Mais voilà que la vie nous sert des épreuves quasi impossibles à traverser, des épreuves qui abattent nos résistances et nous montrent l’illusion de nos positions. Nous nous retrouvons alors déprimés, suicidaires, craignant de ne plus rien valoir, ayant l’impression que personne ne peut nous aider et que nous ne nous en sortirons jamais.
Si nous ne trouvons pas la force de remettre en question de tels mouvements, nous allons mourir de l’épreuve. Nous n’en aurons pas saisi le caractère initiatique, celui qui peut engager une véritable transformation. Car il faut que notre survie même soit menacée pour qu’une épreuve permette un réel changement. De quel changement s’agit-il ? De celui qui consiste à abandonner de larges pans de ce que nous sommes et de ce que nous avons cru être jusqu’ici pour découvrir l’être vrai qui vit au cœur de nous. Cet être véritable, ce soi authentique au sens de Jung, vit dans la joie profonde et l’émerveillement peu importe ce qui lui est donné à vivre. Même au sein d’une tempête sans précédent dans notre monde intérieur, il se réjouit encore de la puissance des éléments qui sont déclenchés. Le moi de surface prie, pour qu’une telle intensité s’essouffle et que la paix revienne, mais pas le soi profond qui comme l’eau du fond d’un océan est à peine touché par les courants de surface.
La clé de tels imbroglios qui mènent au bord de la perte de sens et de la confusion totale réside dans la découverte que nous pouvons choisir nos états intérieurs et que nous demeurons maître de ce qui se passe en nous.
Après les protestations intérieures, les vociférations contre le destin adverse, l’assurance que cette fois-ci c’en est trop et que nous ne pourrons pas passer au travers, vient tout de même la révélation que notre réaction à l’épreuve est en grande partie notre création et que l’évènement lui-même n’est pas survenu de façon si anodine dans notre vie. Se révèle alors cette terrible réalité : peu importe la gravité de ce qui arrive, il n’y a aucune raison de ne pas vivre dans la joie. Nous sommes des êtres de lumière venus exprimer sur le plan terrestre notre pouvoir de créer, pour notre plus grande joie et pour celle des autres. Quel plus beau cadeau pour nos proches en effet que celui d’exprimer notre essence d’enseignant, d’artiste, de soignant, de gestionnaire ou de constructeur. Ainsi la joie est trouvée et le bonheur de vivre malgré les difficultés vient avec elle. Lorsque ce point de vue est bien compris, quelque chose se détend en nous, un détachement salutaire est expérimenté qui permet à la fois l’engagement concret et une contemplation sereine de l’existence.
Guy Corneau, 29 Mai 2013
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