vendredi 18 novembre 2016

El Mediator

"La Fille de Brest", portrait d'une femme de courage qui a révélé le scandale du Mediator

Irène Frachon, pneumologue a révélé le scandale sanitaire du Mediator.

 18/11/2016 10:04 CET | Actualisé il y a 6 heures
PRODUCTION HAUT ET COURT
Sidse Babett Knudsen interprète Irène Frachon dans "La fille de Brest".
CINÉMA - Avec "La Fille de Brest", en salles mercredi 30 novembre, la réalisatrice Emmanuelle Bercot brosse un portrait à l'énergie contagieuse, celui de la pneumologue Irène Frachon qui a révélé le scandale sanitaire du Mediator, interprétée par l'actrice danoise Sidse Babett Knudsen.
Présenté au dernier Festival de Toronto, le film - adapté du livre d'Irène Frachon, "Mediator 150 mg, combien de morts?" , prend la forme d'un thriller pour s'attaquer au drame de ce médicament contre le diabète largement détourné comme coupe-faim pendant plus de 30 ans, qui a fait des centaines de victimes.

Après "La Tête haute" l'an dernier, film âpre sur le parcours d'un jeune délinquant, la réalisatrice s'intéresse à nouveau à l'idée de justice à travers l'"histoire d'une femme très courageuse", engagée dans un combat au service de "l'intérêt général".
"L'affaire du Mediator est la toile de fond du film, mais elle est emblématique d'un tas d'histoires qui arrivent", a-t-elle indiqué à l'AFP.
Pour elle, "La Fille de Brest" est "le portrait d'une femme exceptionnelle, tout en étant une personne très ordinaire".
Après avoir vu le film, chacun devrait "faire comme elle, ne pas attendre sur le sofa que les autres règlent les problèmes" à leur place, estime-t-elle.
Le film retrace le parcours de cette pneumologue de Brest qui a dénoncé la première les risques du Mediator, à l'origine de graves lésions des valves cardiaques (valvulopathies) et d'hypertension artérielle pulmonaire (HTAP), pathologie rare et incurable.
Il a été retiré du marché français en novembre 2009. La responsabilité civile des laboratoires Servier dans l'affaire a été reconnue pour la première fois en octobre 2015 par la justice, puis confirmée cette année en appel.
La date d'un procès pénal, elle, n'a pas encore été fixée.
Une 'Erin Brockovich' française 
S'inscrivant dans la tradition des films d'enquête et de combat comme "Erin Brockovich, seule contre tous" de Steven Soderbergh - référence pour Emmanuelle Bercot, qui le qualifie de "repère absolu" - ce film rythmé, à la mise en scène efficace et resserrée, suit au jour le jour la lutte acharnée de cette femme qui fonce tête baissée.
"C'est la première fois que je me frottais au film de genre. Je voulais que l'histoire avance, que le rythme de l'enquête nous emporte", explique Emmanuelle Bercot.
L'idée d'en faire un film lui a été proposée par ses productrices. Mais pour la cinéaste, pour qui le scandale du Mediator était resté jusque là "un petit peu abstrait", c'est quand "Irène Frachon lui a raconté que cette histoire l'a accrochée".
Cette femme qu'elle qualifie de "très vivante, très drôle, énergique", est campée dans le film par Sidse Babett Knudsen, rendue célèbre par son rôle de Première ministre danoise dans la série "Borgen".
Tout en détermination, elle est convaincante dans ce rôle de combattante, à la vitalité et la fantaisie communicatives, aux côtés de Benoît Magimel dans le rôle du chercheur qui a épaulé la pneumologue.
Pour le scénario et ensuite sur le tournage, Emmanuelle Bercot explique avoir vérifié et validé avec Irène Frachon "qu'il n'y avait pas d'erreurs", pour "que le film soit irréprochable sur le plan technique".
A travers l'histoire de cette "femme hors du commun", la réalisatrice dit aussi avoir voulu mettre en avant le rôle essentiel des "lanceurs d'alertes comme Irène Frachon" face aux scandales sanitaires, comme ceux du sang contaminé en France ou des hormones de croissance.
Le Mediator n'était "évidemment pas la première histoire de ce genre, et il y en aura d'autres comme par exemple celle de (l'antiépileptique) Dépakine", constate-t-elle.
"Malheureusement une histoire chasse l'autre, nous sommes envahis de nouvelles, de médias et les gens oublient".
Pour elle, "il n'y a pas encore assez de prise de conscience" des dangers potentiels des médicaments "même si une méfiance s'installe (...) grâce justement a des affaires comme le Mediator".

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