Metz
Cinéma
La tête haute • Emmanuelle Bercot
Par Fernand-Joseph MEYER • Correspondant de La Semaine • 07/06/2015 à 14h01
Avec Rod Paradot, Catherine Deneuve, Benoît Magimel, Sara Forestier.
"Cinéma social», évidemment... Est-ce que ça va devenir l'insulte suprême pour qualifier tout film français qui s'empare de ce qui cloche dans notre société fracturée ? Les lointains échos de Cannes semblent déjà avoir validé l'idée, les «followers» si peu sceptiques dans le monde réel le ressassent à satiété et les esthètes pré-cuits qui préfèrent le plus chic «sociétal» friseraient le malaise existentiel. Ce ressac vise même à effacer toute référence aux cinémas de Ken Loach ou des frères Dardenne. En effet, l'esthète lambda supporte mal les visions du prolétariat flexibilisé, l'horreur économique touchant les sans-dents hollandais et les ratés éducationnels de la société dite libértaire, égalitaire et fraternelle.
Emmanuelle Bercot, la réalisatrice-scénariste, a-t-elle pour autant «La Tête haute» ? Le «pitch», ramdam cannois oblige, est connu partout, chaumières, rias et lofts compris. Il s'agit de la confrontation entre une juge des enfants et Malony, un garçon apparemment perdu, qu'on suit depuis ses six ans jusqu'à ce qu'il approche de sa majorité. C'est presque un huis-clos, un tête-à-tête systématique entre Laurence, la juge, et cet adolescent livré à lui-même dont le père est inexistant, la mère immature et inconséquente et le grand-père paternel encore plus irresponsable. Malony ne cesse de replonger dans l'illégalité malgré les efforts de la juge et de l'éducateur Yann qui lui est assigné. Ses séjours en centres d'éducation renforcés ou fermés se multiplient, les adultes sont à bout, même si des lueurs d'espoir parviennent à contrer la violence de l'adolescent.
C'est une intense chronique sociale qui tombe à pic quand on sait que dans presque toutes les sphères de la société on réclame plus de sévérité pour juguler la délinquance juvénile alors qu'une écoute réelle et un amour modique sans angélisme suffiraient à calmer le jeu et à résoudre de nombreuses questions. Comme dans le
mémorable «Polisse» (2011) qu'Emmanuelle Bercot a co-écrit avec Maïwenn - et dans lequel elle joue un fonctionnaire de la brigade des mineurs -, on a les nerfs à vif face à ce gamin hargneux et frêle qui met à mal toutes les institutions (éducation, police, justice) et qui réduit au pire une mère dépassée par tout - et jouée trop caricaturalement par Sara Forestier. Le film trouve cependant son rythme, d'une phase de réinsertion problématique à une prometteuse embellie de paix. Malgré la présence de Catherine Deneuve et de sa glamoureuse notoriété dans le délicat rôle de la juge, on ne subit pas la même pesanteur que dans «Polisse» qui était embouteillé par les stars en goguette (Viard, Foïs, JoeyStarr, Kiberlain...). L'actrice confère au film une force étonnante sans qu'elle éblouisse pour autant Benoît Magimel qui joue l'éducateur Yann ni l'extraordinaire débutant qu'est Rod Paradot. La nécessité de faire «fictionner» le scénario et de faire monter la pâte du pathos explique sans doute la trop artificielle histoire d'amour entre Malony et la fille du prof d'un CEF qui nous mène vers un happy-end qu'on encaisse mal. Même si Malony réussit à lever la tête, avec un bébé dans les bras dont on ne sait pas comment il sera élevé...
Emmanuelle Bercot, la réalisatrice-scénariste, a-t-elle pour autant «La Tête haute» ? Le «pitch», ramdam cannois oblige, est connu partout, chaumières, rias et lofts compris. Il s'agit de la confrontation entre une juge des enfants et Malony, un garçon apparemment perdu, qu'on suit depuis ses six ans jusqu'à ce qu'il approche de sa majorité. C'est presque un huis-clos, un tête-à-tête systématique entre Laurence, la juge, et cet adolescent livré à lui-même dont le père est inexistant, la mère immature et inconséquente et le grand-père paternel encore plus irresponsable. Malony ne cesse de replonger dans l'illégalité malgré les efforts de la juge et de l'éducateur Yann qui lui est assigné. Ses séjours en centres d'éducation renforcés ou fermés se multiplient, les adultes sont à bout, même si des lueurs d'espoir parviennent à contrer la violence de l'adolescent.
C'est une intense chronique sociale qui tombe à pic quand on sait que dans presque toutes les sphères de la société on réclame plus de sévérité pour juguler la délinquance juvénile alors qu'une écoute réelle et un amour modique sans angélisme suffiraient à calmer le jeu et à résoudre de nombreuses questions. Comme dans le
mémorable «Polisse» (2011) qu'Emmanuelle Bercot a co-écrit avec Maïwenn - et dans lequel elle joue un fonctionnaire de la brigade des mineurs -, on a les nerfs à vif face à ce gamin hargneux et frêle qui met à mal toutes les institutions (éducation, police, justice) et qui réduit au pire une mère dépassée par tout - et jouée trop caricaturalement par Sara Forestier. Le film trouve cependant son rythme, d'une phase de réinsertion problématique à une prometteuse embellie de paix. Malgré la présence de Catherine Deneuve et de sa glamoureuse notoriété dans le délicat rôle de la juge, on ne subit pas la même pesanteur que dans «Polisse» qui était embouteillé par les stars en goguette (Viard, Foïs, JoeyStarr, Kiberlain...). L'actrice confère au film une force étonnante sans qu'elle éblouisse pour autant Benoît Magimel qui joue l'éducateur Yann ni l'extraordinaire débutant qu'est Rod Paradot. La nécessité de faire «fictionner» le scénario et de faire monter la pâte du pathos explique sans doute la trop artificielle histoire d'amour entre Malony et la fille du prof d'un CEF qui nous mène vers un happy-end qu'on encaisse mal. Même si Malony réussit à lever la tête, avec un bébé dans les bras dont on ne sait pas comment il sera élevé...
1 commentaire:
"L'essentiel est invisible pour les yeux, on ne voit bien qu'avec le cœur" mais parfois les yeux sont utiles pour voir ce que le cœur voit.
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