lundi 8 juin 2015

Et critique du soir !


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"La Tête haute" d'Emmanuelle Bercot



CINÉMA - Après son sacre au Festival de Cannes 2015, je ne croyais pas beaucoup en ma chance de pouvoir obtenir un entretien avec Emmanuelle Bercot, réalisatrice remarquée de "La Tête haute" et actrice primée de "Mon Roi". Mais elle vient à vous, simple et humaine, et il faut l'écouter parler pour déceler dans ses propos toute la force et la sensibilité qui font écho à la puissance et à la générosité de son film.


Mais d'où lui est-elle venue, l'idée de ce film? La réponse surprend autant qu'elle émeut: à huit ans, la petite Emmanuelle accompagnait parfois son oncle éducateur sur le théâtre de son travail. C'est là qu'au contact de ces "enfants sauvages" qui n'avaient "pas eu la même chance", que la petite fille qui prend conscience de l'injustice et du rôle essentiel de ces héros ordinaires qui, tel son oncle, œuvrent à la réparation et au sauvetage de ces petits malheureux.

Des années plus tard, devenue mère et cinéaste, Emmanuelle semble encore habitée par ces souvenirs. D'où ce film qui fait de la "protection de l'enfance" et de "l'éducation" son argument et son cheval de bataille.
Film social sans être politique, engagé sans être militant, "La Tête haute" échappe aux clichés et au manichéisme d'un message facile, trouvant au contraire sa crédibilité dans la complexité des personnages, tel cet éducateur tourmenté incarné par Benoit Magimel (un de ses plus beaux rôles) ou la mère aimante mais dépassée de l'enfant, jouée par la toujours authentique Sara Forestier. Et que dire de la juge tenace à qui une Catherine Deneuve, maîtresse de son art, prête son beau regard mélancolique et sa tendre autorité. A côté de ces acteurs reconnus, Rod Paradot, brille cependant de sa belle innocence et de toute la confiance qu'une réalisatrice bienveillante a mise en lui.
En cinéaste qui souhaite "témoigner de la société", Emmanuelle Bercot poursuit son oeuvre sensible et "utile" (au sens de la belle chanson jadis écrite par Etienne Roda-Gill)... Et l'on a hâte de découvrir son prochain film consacré au combat d'une femme courageuse, le docteur Irène Frachon, qui révéla le scandale du Mediator.

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