dimanche 17 janvier 2016

A Brest , le tournage est terminé


Le tournage brestois est terminé

L'équipe de production de La fille de Brest a achevé son travail dans la cité du Ponant. La Dr Irène Frachon a assisté à quelques scènes filmées à Dialogues. Rencontre.

16/01/2016 à 18:16 par yannguenegou
Irène Frachon accompagnée de Charles Kermarec, fondateur des éditions dialogues, sur le tournage à la librairie dialogues.
Irène Frachon accompagnée de Charles Kermarec, fondateur des éditions Dialogues qui a pris le risque de publier le livre Médiator 150 mg, combien de morts ?, sur le tournage à la librairie dialogues.
Elle est là, discrète, dans les allées de la librairie Dialogues à Brest. Souriante. Saluant des connaissances, des proches rencontrés là par hasard. 
Elle assiste, ce mercredi 13 janvier 2016, dans la soirée, au tournage de quelques scènes de La fille de Brest, le film témoignage sur son combat dans l’affaire du Mediatorréalisé pour le cinéma par Emmanuelle Bercot.
Mes quatre enfants, Adèle, Arnaud, Samuel et Amélie, sont là. Ils ont tenu à être figurants dans le film. C’est même une petite fierté parce que cette histoire, notamment voir leur mère souvent affolée, n’a pas été facile tous les jours pour eux. Aujourd’hui, je suis contente qu’ils puissent vivre ce moment.
Vous l’avez bien entendu reconnue. Elle, c’est la pugnace Dr Irène Frachon. La pneumologue brestoise qui a fait éclater l’affaire du Mediator, ce médicament des laboratoires Servier contre lesquels elle est partie en croisade. 
Elle a cédé les droits de son livre, Médiator 150 mg, combien de morts ?, en 2011 à Emmanuelle Bercot. Laquelle est en tournage avec son équipe dans le pays de Brest(Lampaul-Plouarzel, CHRU de la Cavale-Blanche et librairie Dialogues à Brest) depuis le 24 novembre 2015.
Le tournage s’est achevé ce samedi 16 janvier 2016 dans la région brestoise. Il reste maintenant trois semaines de travail en studio à Paris. 
La sortie nationale du long métrage est annoncée pour la fin de l’année 2016.

INTERVIEW

La fille de Brest, pourquoi ce titre ?
C’est Emmanuel Bercot, la réalisatrice, qui l’a choisi. Au départ, ce titre m’a surpris. Je trouvais ce terme de fille assez rigolo. C’est un terme qui interpelle. Et puis, je me suis souvenu qu’un sbire de Servier avait menacé un collègue de l’hôpital en lui disant “Tu t’es sali les mains avec cette fille et tu vas le payer !”.  
Dans la langue française, ce mot 
fille, on peut l’appréhender de différentes manières. 
Il peut être péjoratif. Mes détracteurs sont exaspérés : ils me perçoivent comme une fille de province, même pas cardiologue, c’est dire… 
Je l’avoue, sur le coup, ce titre m’a paru bizarre. Mais comme 
Combien de morts ? dans le titre du livre, le motfille interpelle. Renvoie à une certaine détermination. Plus je vois le tournage avancer et les réactions, plus je pense que ce titre est bien trouvé et qu’il a beaucoup de sens.
Qu’est-ce que ce film représente dans votre combat ?
C’est un film témoignage. Il va raconter au grand public la genèse de l’affaire du Mediator. C’est, me semble-t-il, très important. Parce que tout le monde en a entendu parler mais finalement, je pense que peu nombreuses sont les personnes qui savent exactement de quoi il s’agit.
Là, chacun va comprendre ce qu’est une victime du Mediator. Grâce à l’impact du cinéma, l’audience qu’il génère, la force de l’émotion qu’il véhicule, la puissance de l’évocation. Et ce ne sont pas des paroles en l’air : cette affaire, je le rappelle, est une question de sécurité sanitaire. Cinq millions de Français ont été intoxiqués (on peut même dire empoisonnés) par ce pseudo-médicament mis sur le marché en 1976 par les laboratoires Servier.
Ce film, c’est l’histoire de votre vie ?
Il va raconter pourquoi j’ai été horrifiée, pourquoi je me suis engagée de façon aussi déterminée et révoltée. C’est une histoire complexe, Emmanuel Bercot n’a rien esquivé. Elle a pris en compte tous les aspects difficiles pour construire un film réaliste, parfois dur. Comme mon livre, ce sera un polar, un vrai thriller, avec ses crimes, ses morts. 
Elle va, j’en suis persuadée, faire d’une histoire sanitaire qui, au premier abord, peut paraître rébarbative, un film haletant, passionnant, plein de suspense. 
Je suis fascinée par l’énergie dégagée par Emmanuelle Bercot.
Comment avez-vous vécu le tournage à Brest ?
Je le craignais beaucoup. Voir une énorme équipe débarquer à l’hôpital de la Cavale-Blanche m’inquiétait. En fait, cela s’est très bien déroulé. Tout le monde s’est montré particulièrement coopératif, beaucoup ont accepté d’endosser le costumes de figurants. 
Les professionnels de l’équipe chirurgicale du CHRU ont tenu a interpréter leur propre rôle dans le bloc opératoire même où les faits se sont déroulés. Cela va contribuer à donner une âme supplémentaire au film. 
C’était passionnant. Je suis très curieuse de voir le film et j’attends sa sortie avec impatience. 
C’est une histoire absolument terrible mais que le cinéma va contribuer à porter en faisant partager l’émotion, l’effroi, l’empathie. Et ce d’autant plus que le film va révéler des aspects de l’affaire dont je n’avais pas fait état dans le livre… 
Par exemple ?
Vous verrez bien…

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