jeudi 14 janvier 2016

La réalité dépasse la fiction


  • Les dernières scènes brestoises du film « La fille de Brest » ont été tournées, mercredi soir, à la librairie Dialogues, dont le directeur, Charles Kermarec, a épousé le combat d’Irène Frachon contre
    Les dernières scènes brestoises du film « La fille de Brest » ont été tournées, mercredi soir, à la librairie Dialogues, dont le directeur, Charles Kermarec, a épousé le combat d’Irène Frachon contre | Frédérique Guiziou

Emmanuelle Bercot tournait les dernières scènes brestoises du film, mercredi à la librairie Dialogues. Là où a débuté ce thriller médical, mais avec des révélations inédites.

Quel cinéma, ce mercredi soir à la librairie Dialogues ! De « vrais » clients rejoignent, sous les projecteurs, de faux clients en fringues d’été. Sur une échelle, un technicien démonte un spot indésirable, deux cameramen semblent escorter les quatre historiens qui rejoignent le public, authentique, de la quotidienne rencontre-dédicace.
Où apparaît le directeur de Dialogues, Charles Kermarec, salué par son équipe de libraires, assaillie par une foule de curieux.
Entre en scène, chargée d’une « caisse de pétillant », Irène Frachon, immédiatement reconnue par ces différents protagonistes. La rejoignent ses vrais enfants qui viennent de tourner les dernières scènes brestoises de La fille de Brest.

2 000 victimes du Mediator

Au milieu de toute cette effervescence, concentrée bien qu’enrhumée, la réalisatrice Emmanuelle Bercot, après un bref conciliabule avec son héroïne, Sidse Babett Knudsen, l’actrice de la série danoise Borgen, parachève le tournage de son thriller médical.
Inspiré de la vie et du combat de la pneumologue brestoise Irène Frachon, qui révéla toute la toxicité mortelle du Mediator, ce médicament antidiabétique qui, prescrit comme coupe-faim, provoqua décès et lourdes pathologies, son film ne pouvait se passer du décor de la librairie Dialogues.
« C’est incroyable, ce télescopage entre réalité et fiction ! » s’amuse Irène Frachon qui, en 2011, choisit, parmi une armada de réalisateurs, de céder les droits de son livre à Emmanuelle Bercot, admirative de son « cinéma sans concession » : « Pour moi, c’est ici, dans cette librairie, que la guerre a véritablement été déclarée. »
En 2010, Irène Frachon publiait, en effet, aux éditions Dialogues, Mediator 150 mg, au sous-titre de choc, Combien de morts ? Profitant d’une ahurissante décision de justice, le laboratoire Servier réussissait à censurer ce sous-titre. Qu’en appel son auteur, le combatif directeur des éditions Dialogues, Charles Kermarec, réussissait à rétablir…« Au moment même où, épuisée, j’étais prête à baisser les bras, Charles Kermarec est entré dans l’arène. Et là, tout s’est accéléré, raconte Irène Frachon. Des 500 morts que l’on connaissait à l’époque, on a recensé, aujourd’hui, plus de 2 000 personnes officiellement victimes du Mediator. »

Des révélations jamais divulguées

Des morts, des menaces, des pressions professionnelles, des joutes judiciaires, des conflits d’intérêt. « Quand on récapitule l’affaire du Mediator, la réalité dépasse la fiction », confirme Charles Kermarec. Incarné à l’écran par le comédien d’origine brestoise Gustave Kervern, il cautionne, lui aussi, le scénario élaboré par Emmanuelle Bercot : « Entre vérité et interprétation, l’intrigue sera réellement sublimée au cinéma. »
Action ! Voilà Sidse Babett Knudsen, à nouveau pendue au téléphone – « c’est le rôle ! » –, qui s’engueule avec « l’un des nombreux salopards » que la courageuse et persévérante pneumologue a croisé au cours de son enquête : « C’est une scène cruciale. Un coup de théâtre, je vous l’assure, glisse Irène Frachon. Attendez-vous à de l’inédit. Le film va révéler des informations que je n’ai jamais encore divulguées… »

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