Je n'étais pas entrée dans cette église depuis plus de 20 ans certainement . Je n'y ai pas été baptisée et n'y ai pas fait non plus ma communion solennelle ; seulement ce qu'on appelait à 7 ans " la petite communion". Nous avions toutes peur que l'hostie ne touche une de nos dents. Croquer le Corps du Christ eût été sacrilège ....Mais j'étais assez pieuse quand même déjà à 10 ou 11 ans et nous avions décidé avec une amie de "faire le mois de Marie'. Nous irions en cachette dans l'église. Etait-ce régulièrement? Une fois seulement ? En revenant de l'école ? Après l'étude, à la nuit tombée ? A l'époque les Eglises ne fermaient pas la nuit comme aujourd'hui. Je ne me souviens pas du tout du projet dans son entier ! Ce dont je me souviens c'est que pour faire joli nous allumerions les cierges de l'autel et réciterions 3 Aves Maria. J'avais ma boite d'allumettes et me revois si fière allumant les bougies prête à prier ardemment . Hélas une des bougies tomba sur la coin du gros Missel ouvert sur l'autel et quelques (?) pages se mirent à flamber . Damnation ! Vous imaginez notre terreur. Pour ma part, l'incendie promptement maîtrisé à coup de cartables je suppose, je me jetai au pied du tabernacle pour promettre que, si l'église ne brûlait pas toute entière, je deviendrais religieuse . Je décidai "d'aller à confesse" dès le lendemain m'accuser du forfait . Mais la nuit fut mauvaise . Peut -être que missionnaire encore ca pourrait le faire mais Soeur de Kermaria , en Plumelin ! je ne m'y voyais pas . Ce serait comme être en prison pour moi .
Et qu'allait devenir mon amour naissant pour Petit-Louis V. qui habitait au milieu du bourg alors que j'habitais en haut et que remontant de l'école, qui elle était en bas, j'espérais tant apercevoir en passant.....Tous mes rêves de famille s'étaient envolés dans un filet de fumée car jamais, jamais, je ne reprendrais, tant c'était sacré, une parole donnée !!!!
Le prêtre me connaissais évidemment très bien : le jeudi je distribuais La Croix aux abonnés âgés d' une partie du bourg. Dans le confessionnal, pleurant à chaudes larmes, je lui racontai tout . Y compris le serment trop vite proféré ! Il eut l'intelligence de me dire que la peur est mauvaise conseillère et que puisqu'en effet je m'étais engagée à vie dans un moment d'affolement, il pouvait envisager ce que je pourrais faire pour que ma précipitation ne m'entraîne pas au noviciat. Pour autant que je me souvienne il me donna le choix . Le plus simple serait que je me joigne, pleine de repentir évidemment, au pèlerinage traditionnel qui menait à pied les fidèles de Pluméliau à Saint Nicodème, près de St Nicolas des Eaux le 1er dimanche d'août.
Je pouvais aussi me faire conduire (et lui même pouvait le faire ) à la Congrégation des Filles de Jésus à Kermaria et m'excuser à la Chapelle avec suffisamment d'authenticité pour que résonne dans mon coeur le pardon du Seigneur .
Ou il y avait encore le pardon de Notre Dame du Manéguen à Guénin . La Pardon du pardon !
Je ne me souviens plus quelle route du repentir, je choisis. Il me semble que j'allai à pied parler à St Guénin et un peu plus tard dans l'été prier à Kermaria ( 2 " Tiens" vaut mieux qu'1 " tu l'auras ") mais j'eus le temps de réfléchir au fait qu'on ne doit ni faire ni dire n'importe quoi
L'Eglise consacrée à St Méliau
Pluméliau, Pluniav en breton, se décompose en Plou (la terre, la paroisse, le terroir) et Meliav, saint ou, plus probablement, chef breton dont c'était le territoire
Je me remémorai cette histoire et quelques autres du même acabit lors de la belle cérémonie d'adieu de notre cousine Anne-Marie. Me sentis reconnaissante envers cet abbé compréhensif et psychologue dont le nom ne me revient plus. A la fois très proche dans le souvenir et pourtant, 66 ans plus tard, sorti d'une autre vie !!!
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