C'était la raison principale d'un rapide aller -retour en France cette semaine dernière .
J'allais de mes yeux voir Emmanuelle sur Seine et sur Scène
Certainement la plus belle chose que j'ai vue au cours de cette décennie.
C'est simple j'ai tout aimé, le décor de
Léonard Matton si créatif. Les déplacements subtils des meubles définissent l'espace, les lumières font de même, les projections d'images permettent de s'y retrouver entre fantasmes et réalité. L'accompagnement musical est élégant.
Un mise en scène de folie quoi ! Surtout pour moi qui prétendais en entrant dans la salle détester les décors modernes, trop sobres. Quelle bonne surprise! Merci.
Le texte d'une qualité indéniable pousse à l'auto analyse, force à se remettre en question, à réflécir à la Jenny cachée en nous, est fascinant et efficace. Ingmar Bergman aurait 100 ans. Ses mots sont plus que jamais vivants. Merci.
Les acteurs, tous à saluer pour leur talent confirmé sont à même de se mettre dans la peau de plusieurs personnages sans que ne nous vienne à l'idée, un instant, une impression de déjà vu.
Et bien sûr, les deux rôles principaux, celui de Jenny et celui de Tomas tenus par deux acteurs d'exception : Emmanuelle Bercot, remarquable ( et remarquée en bien d'autres domaines en tant que réalisatrice, scénariste, actrice de cinéma) et l'excellent David Arribe, qui brûle les planches en allumant nos coeurs. Heureusement qu'il est là Tomas . On sait qu'il la sauvera....Amis veut dire " liés par l'âme" .Ca permet de se re-poser. Entre les débordées de larmes.
C'est simple: j'en suis encore scotchée et bouleversée 5 jours après !
Emmanuelle a réussi cet exploit de faire que j'en ai oublié de la regarder comme étant ma fille . J'ai vu un personnage que je comprenais au plus profond, extrêmement émouvant, d'une justesse rare, une femme aussi forte que fragile en effet, qui avait le courage d'oser se laisser voir au plus profond .
Lorsque j'ai appris l'anglais en 6ème, j'ai dû mal entendre prononcer le mot "intimacy" et pendant des années j'ai cru que intimité se disait " into me see" (vois en moi). Et à 75 ans c'est encore comme ça que je vis l'intimité. Mes intimes ont cette permission d'aller se balader dans les moindres recoins de mon coeur. Quand ils en abusent ils perdent ce statut .
Eh bien j'ai vu Jenny en Jenny tant Emmanuelle en était habitée.
Et c'était bouleversant qu'à travers cette actrice magnifique, juste, sincère, honnête, troublante elle le permette. Je ne suis pas près d'oublier l'immense talent aussi naturellement déployé ou l'investissement compatissant des comédiens qui l'entourent et qui semblent la protéger.
Je me demande comment on peut endosser le rôle de Jenny de façon si intense sans être menée soi même au seuil de la folie (passagère!) Peut être l'est-on! . De quoi être lessivée, rincée, essorée en tous les cas après ce cycle quasi quotidien de 2 heures. On peut dire que l'actrice s'y livre
à corps perdu !
Merci à Emmanuelle pour ces moments de pure émotion qui marqueront longtemps , comme moi, les spectateurs qui viendront l'applaudir - et pour le dîner que la fille, aussi éreintée que l'actrice ait pu être, avait concocté pour que nous le partagions ensuite en petit comité. Je mesure l'énergie d'Amour qu'il faut pour y parvenir après deux heures d'égarement absolu.
Ne serait-ce que pour l' extra-ordinaire performance d'Emmanuelle c'est un spectacle qui demeurera rare. Je ne vois qu'elle pour servir à ce point ce texte remarquable et grave. Une pièce à voir
absolument . Au Théâtre de l'Atelier - 75018 Paris - Place Charles Dullin.
Courez-y .... Eussiez-vous à souffrir ! Elle " peut vous aider " J'ai déjà envie d'y retourner .....