Gilets jaunes : 6 causes d’un désastre annoncé
Il n’existe pas de société sereine sans discipline et respect. Le contrat social a volé en éclats avec les Gilets jaunes, mais la tradition de la casse n’est pas nouvelle –
Le père Noël risque cette année de s’habiller en jaune. Si l’insurrection populaire est une tradition française, le mouvement des Gilets jaunes est inquiétant. Les analyses des médias passent malheureusement à côté de l’essentiel. La crise actuelle est avant tout celle d’un système et d’un mode de pensée périmés. C’est la raison pour laquelle elle risque de se prolonger.
LA BAISSE DU POUVOIR D’ACHAT VIENT D’UN DÉFICIT DE TRAVAIL
Quel politique aura le courage de le dire ? On ne crée pas de la richesse — et donc du pouvoir d’achat — en regardant le foot à la télé. La crise de la France est celle de la paresse. 64 % de la population âgée de 15 à 64 ans travaille dans notre pays, contre 79 % en Suisse, 75 % au Royaume-Uni ou en Allemagne. Nous travaillons également 15 % d’heures en moins par an par rapport à la moyenne de l’OCDE et notre fonction publique, largement sous productive, occupe près de 20 % de la population active. Soyons concrets : l’essence et les produits alimentaires coûtent plus cher car nous nous disputons ces biens avec des pays qui travaillent davantage que nous. Leur pouvoir d’achat s’accroît et le nôtre diminue.
L’IGNORANCE DES RÉALITÉS ÉCONOMIQUES CRÉE DE LA VIOLENCE
Nous sommes le bonnet d’âne en matière de connaissance économique selon l’OCDE. Les Gilets jaunes reflètent cette inculture, leur programme étant une somme d’aberrations, un concours Lépine de l’ignorance. Les insurgés veulent tout et son contraire. Moins de taxes et plus de dépenses publiques avec par exemple le maintien de lignes de chemin de fer non rentables. Plus d’écologie et du diesel moins cher. Davantage de jobs mais le droit de casser l’appareil productif. Un smic à 1 300 euros et des emplois pour tout le monde.
L’équation économique de la France est malheureusement simple à comprendre : peu de gens travaillent car le travail est lourdement taxé. Les taxes sont lourdes car il faut financer beaucoup d’assistés et de transferts sociaux parmi les plus généreux au monde.
Le plus effarant est qu’une majorité de la population soutient les Gilets jaunes. Si l’école enferme les esprits dans l’ignorance, les médias ne joue pas leur rôle d’information. À quelques rares exceptions, les chroniqueurs ne posent jamais les bonnes questions et ne fournissent aucune donnée de contexte. Personne ne recadre les inepties économiques d’un Mélenchon. Le peuple français s’est enterré dans ignorance. Son absence de perspective est avant tout intellectuelle.
L’EFFICACITÉ DES SERVICES PUBLICS DÉCROÎT ET NE VA PAS S’AMÉLIORER
Une lettre met presque une semaine pour arriver d’un point à un autre en France, contre 2 jours dans les années 1980. Les performances de la SNCF sont en chute libre malgré des coûts exorbitants. Les causes de cet enlisement sont multiples. Les fonctionnaires ont vieilli. Les organisations se sont empâtées et elles sont centrées sur leur propre finalité plutôt que sur les clients-citoyens.
Quelle entreprise survivrait sans se réformer ? Sans licencier des salariés sous- performants ? Sans réallouer les effectifs d’un service à l’autre quand la technologie permet des gains de productivité ? Aucune, mais c’est le chemin que l’administration française a choisi depuis 30 ans. L’État français, contrairement à ses concurrents anglais ou allemands a raté la transformation digitale. Le service aux administrés a encore empiré avec les tentatives de digitalisation.
De par son poids, l’administration entraîne l’économie française vers le bas, et avec elle le pouvoir d’achat.
MACRON FONCTIONNE AVEC UN LOGICIEL ÉCONOMIQUE DU PASSÉ
Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Macron est un super Hollande, un Hollande en version numérique et holographique, mais un Hollande traditionnel dans sa pensée. Le jeune disciple fonctionne à l’instar de son maître, avec un système d’exploitation étatiste conçu au XXe siècle. Le service militaire nouvelle formule, la réforme des 80 km/h, le prélèvement à la source sont des exemples de réformes technocratiques, frustrantes et inutiles.
En juillet 2017, j’avais dans ces colonnes émis des doutes sur l’action de Macron. Le nouveau Président a réformé un peu le travail dans le secteur privé. Il a laissé de côté la réforme de l’État et de l’assistanat, ces 2 points concentrant les blocages de la France. Pour le moment, l’action du Président a visé à côté de la cible.
LES FRANÇAIS VIVENT DANS UN MONDE VIRTUEL
Le temps passé devant les écrans augmentent en permanence. Les Français vivent dans un monde virtuel fait de rêves, d’argent facile, de jolies filles et de fake news. Le capitalisme n’est pas exempt de critiques dans ce divorce avec la réalité. La publicité traditionnelle et numérique est d’une efficacité redoutable pour créer des frustrations et susciter l’acte d’achat. Avec l’extinction des idéaux, qu’ils soient religieux ou politiques, le consumérisme n’a plus de contrepouvoir. Symptomatiquement, les casseurs ont pillé des boutiques de luxe. Même les casseurs d’extrême gauche rêvent de s’habiller en Chanel et en Vuitton.
Une autre promesse mensongère existe, celle que l’État promeut depuis des années. Avec plus de 50 chaînes de télévision, des millions investis dans les campagnes de publicités diverses et variées, des écoles républicaines fortement politisées, l’État est le premier émetteur d’idéologie dans ce pays. Il faut ajouter à cela la presse écrite largement subventionnée et les artistes qui vivent payés par l’État grâce au régime des intermittents. Ce fantastique dispositif de propagande nous décrit un État ultra protecteur, tout-puissant, garantissant la paix et le bonheur du citoyen, de la naissance à la mort. Une vision imaginaire qui ne peut que décevoir cruellement.
L’ABSENCE DE SANCTION MÈNE À LA VIOLENCE
Il n’existe pas de société sereine sans discipline et respect. Le contrat social a volé en éclats avec les Gilets jaunes, mais la tradition de la casse n’est pas nouvelle. Depuis longtemps, on a supprimé les sanctions à l’école, on ne punit plus les délits mineurs. L’absence de discipline est la résultante directe de l’effondrement des services publics, que ce soit l’éducation et la justice.
Il s’est développé également une idéologie permissive, notamment vis-à-vis de l’extrême gauche. Les syndicats ont légitimé des pratiques ultra-violentes, en toute impunité et dans le silence médiatique. Les Gilets jaunes constituent une version low cost et 3.0 du syndicalisme, ils ont été formés à leur école. En plus stupides et en plus violents.
L’exacerbation des frustrations nourries dans la virtualité allume un incendie majeur mais les pompiers n’ont pas le droit d’agir, par crainte, par inefficacité et par choix politique.
Macron a dû lire Machiavel pour entrer à l’ENA. Il semble avoir oublié l’essentiel. Un prince doit prendre les bonnes décisions, celles qui créent de la richesse en minimisant les mécontentements du peuple. Il doit aussi savoir imposer le respect grâce à la force. Macron ne sait faire ni l’un, ni l’autre, pour le malheur de ce pays.
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2 commentaires:
C'est bien un article "suisse" de droite décomplexée et bien libérale.
Tous des fainéants, des profiteurs
sauf les riches, les patrons,"les vrais travailleurs" bien entendu!!!!!
lamentable
L'esprit suisse "tout pour l'argent" devient écœurant.
Mais il faut reconnaître aussi les faiblesses du système français.
" Selon la théorie néolibérale, les entreprises qui ont du capital inutilisé doivent le reverser. Le marché saura mieux l’utiliser pour financer d’autres projets. Entre la suppression de l’ISF, la « flat tax » sur les revenus du capital, les distributions sans précédent des groupes du CAC 40, il a été redonné beaucoup d’argent en 2018 aux détenteurs de capitaux.
Alors qu’ils distribuaient environ un tiers de leurs profits au début des années 2000, ils n’ont cessé d’augmenter leur niveau de distribution d’année en année, passant à 40 %, puis 42 %, puis 48 %. En 2018, le taux de distribution a atteint un seuil symbolique : 50 %.
Tout cet argent aurait donc dû normalement se retrouver dans d’autres investissements porteurs, comme l’assurent les défenseurs du néolibéralisme, comme l’a soutenu le gouvernement lors de sa réforme de la fiscalité sur le capital.Problème : rien ne se passe comme prévu. Une fois de plus, la réalité met au défi le dogme. Jamais les introductions en bourse, les augmentations de capital, c’est-à-dire les canaux classiques pour assurer le financement des entreprises, ont été aussi peu nombreuses.Mais les effets contre-productifs vont bien au-delà.
Les capitaux redistribués par les grands groupes, libérés de la contrainte fiscale, ne se retrouvent pas pour financer l’économie mais tournent en circuit fermé dans la sphère financière. L’argent faisant de l’argent sur de l’argent. La théorie du ruissellement disait pourtant le contraire."
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