lundi 21 octobre 2019

L'Amour subsiste

Tu te retires. Me reste ce lit creusé par nos ébats et l'anneau pour toute alliance. Il me faut désormais guetter les eaux qui vivifieront ce creuset.
La vie qui passait et respirait par toi passera et respirera ailleurs. C'est affaire de temps et aussi de symboles, de rites à se donner, de mots à prononcer.
L'information est enregistrée. Je la sais irréversible. Et pourtant il y a quelque chose en moi qui n'est pas mort. Dont je ne peux décider qu’il n’est plus. Je ne peux pas décider que je ne t'aime plus. Cette affaire-là ne se place pas sur un niveau de rationalité et de décision. C'est plus profond, plus irriguant.
Seul le temps - et la parole qui en rythme l'écoulement - pourront progressivement me conduire à une distanciation douce. Comme à une sorte de dérivation de cette force qui coulant à travers moi respire à travers toi. Même absent. Pour que ce flux continue de m'irriguer. Malgré tout.
Et pour m'inventer une autre forme de proximité à toi, il faudra du temps, des mots - et des amis pour les écouter.
La rupture n'affecte pas l'amour. Rien n'efface ni ne remplace celui qui a choisi de s'éloigner. L'amour lui subsiste. Et celui qui reste en reçoit toute la charge.

Maela Paul - La Petite Colère (L'Harmattan)

Aucun commentaire: