mardi 8 octobre 2019

Si je meurs

"Si je meurs survis-moi par tant de force pure
que soient mis en fureur le froid et le livide,
du nord au sud lève tes yeux indélébiles,

de l’est à l’ouest que joue ta bouche- guitare.
Que ton rire et ton pas surtout n’hésitent pas,
que ne se meure pas mon testament de joie,
n’appelle pas mon cœur, car je ne suis pas là.
Et comme une maison, habite mon absence.
C’est une maison tellement grande l’absence
qu’en elle je te vois traverser les murailles,
et je t'observe en l’air, suspendre les tableaux.
C’est une maison si transparente l’absence
que moi, privé de vie, je te vois pourtant vivre.
Si tu souffrais, amour, je mourrais à nouveau."


[Pablo Neruda - La Centaine d'amour]






Je n’avais pas alors (je ne sais si je l’ai aujourd’hui) une meilleure définition de l’amour que cette sorte de prière silencieuse qui relie deux êtres, séparés par l’espace ou la mort, dans une intuition permanente des douleurs et des instants de joie vécus par l’autre...
Andreï MAKINE 

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