La tête haute. C'est le titre du film d'Emmanuelle Bercot,
qui ouvre les festivités cannoises.
La tête haute, c'est aussi comme ça que Benoît Magimel avance dans la vie.
qui ouvre les festivités cannoises.
La tête haute, c'est aussi comme ça que Benoît Magimel avance dans la vie.
Gala: Le manque de père, est-ce quelque chose que vous avez revécu à travers ce film?
Benoît Magimel: J’ai réglé tout ça depuis longtemps! A un moment, il faut savoir dire au revoir au gamin qu’on a été. La reconnaissance du père, je l’ai eue grâce au cinéma. Je ne sais pas comment l’expliquer, mais le cinéma a tout de suite calmé ou réparé ça. Quant aux blessures, on ne les règle pas, mais on les porte, on fait avec, on sait faire avec, surtout. Si j’avais fait ce film il y a quelques années, je l’aurais peut-être vécu différemment, mais à quarante ans, étant père moi-même, je ne me suis pas identifié, j’ai davantage porté un regard paternel sur ce môme.
Gala: D’où vous vient ce désir d’être acteur?
B.M.: Ma mère dit que la fibre artistique devait venir de mon grand-père, que j’ai très peu connu. C’était un enfant de l’Assistance publique, il a fait une carrière militaire, mais il était attiré par les arts, l’opérette. J’ai le souvenir de lui, à soixante-dix ans passés, déguisé en tutu pour un mariage. Et le cinéma c’est ça, l’art du déguisement. C’est toujours ce que j’ai voulu faire dans ce métier: me transformer en partant de soi. D’ailleurs, quand j’ai commencé dans des cours de théâtre, au collège, j’aimais surtout faire le clown, amuser la galerie. Le destin a voulu qu’on m’offre des rôles plus graves. Je pense que c’est dû au fait que je me suis beaucoup protégé.
Gala: Se protéger?
B.M.: Je vais vous raconter un souvenir qui, pour moi, a été déterminant. Après La vie est un long fleuve tranquille, j’ai été contacté par Jacques Doillon. Il préparait un long-métrage, pensait à moi pour le rôle, mais voulait me rencontrer, discuter avant. Je suis allé dîner trois ou quatre fois avec lui. J’étais enthousiaste car ma mère était fan de ce metteur en scène. Et puis, du jour au lendemain, je n’ai plus eu de nouvelles. A partir de ce moment-là, j’ai décidé de ne plus parler de moi, de ne plus livrer ma vie, ce que je faisais volontiers avant, car j’avais envie d’être écouté, qu’on s’intéresse à moi, d’être aimé tout simplement. J’ai donc commencé à me protéger suite à des déceptions comme celle que je viens de raconter, ajoutées au fait qu’à la fin d’un tournage, quand tout s’arrête, chacun retourne à sa vie, il y a un vide à gérer et affectivement on est touché. Je parle de tout ça à Rod (Rod Paradot, qui joue Malony, l’adolescent au centre du film, ndlr). C’est important, c’est bien de tendre la main.
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