lundi 18 mai 2015

Quelques mots

Quelques mots de Emmanuelle Bercot, réalisatrice du film LA TÊTE HAUTE : « L’écriture du scénario a été précédée par un travail d’enquête assidu sur le terrain. Afin que dans le film tout soit vraisemblable et juste, ce qui est ma première préoccupation en matière de fiction, j’ai effectué un stage auprès du Tribunal pour enfants de Paris afin d’observer précisément comment se déroulent les choses, physiquement, dans le bureau d’un juge. (…) J’ai rencontré des juges, des éducateurs et des délinquants. J’ai passé du temps dans un Centre Educatif Fermé, assisté à plusieurs audiences au tribunal, lu beaucoup de livres et visionné des heures de reportages et de documentaires sur le sujet. Ce travail d’immersion, dans les bureaux et sur le terrain, m’a permis également de comprendre que ces jeunes ne sont pas une seule et unique chose, mais qu’ils ont plusieurs visages, en fonction des situations qu’ils traversent, et des intervenants qu’ils rencontrent, et le plus troublant, comme nous l’a fait remarquer un de leurs juges, c’est que tous ces visages sont sincères. Car ce n’est pas tant les délits qu’ils commettent qui les définissent mais les raisons pour lesquelles ils en viennent à commettre des délits. Nous avons eu la chance d’être aidées par le Juge Thierry Baranger, actuellement président du Tribunal pour enfants de Paris. Il a été sensible à notre projet et nous a ouvert les portes de son tribunal, acceptant finalement d’être consultant sur le scénario, dont il a suivi toutes les étapes, afin de nous garantir que tout ce qui est dans ce scénario est crédible, cohérent, et très fidèle à la réalité qu’il observe et connaît depuis de nombreuses années. Les dialogues notamment – puisque c’est un film qui repose puissamment sur la parole – se devaient d’être absolument justes.
Grâce au stage que j’ai effectué auprès du Tribunal pour enfants de Paris, j’ai pu nourrir, cette fois, le travail de mise en scène en observant précisément comment se déroulent les choses, physiquement, dans le bureau d’un juge.
À cette matière documentaire, nous avons souhaité insuffler de la fiction et du romanesque, au travers du personnage de Tess, dont Malony va tomber amoureux, et grâce à laquelle il va finalement s’en sortir. Mais là encore afin de coller à une certaine réalité, puisque les éducateurs le disent tous : pour la plupart des délinquants, le déclic absolu c’est de tomber amoureux. Quand enfin ils ont appris à s’aimer un peu et deviennent à leur tour capables d’aimer... Je reste admirative de l’énergie, du dévouement, et de la patience que des éducateurs mettent à sortir ces jeunes du fossé, coûte que coûte, malgré les obstacles, les ingratitudes et les violences, en apportant finalement simplement l’attention dont ces enfants ont tant manqué. J’espère que cette histoire saura vous toucher, comme nous l’avons été Marcia Romano (co-scénariste du film) et moi, au cours de cette longue enquête, au contact de ces enfants en souffrance et de ces adultes qui consacrent leur vie à combler le défaut d’amour et d’éducation qui les a menés là où ils sont.

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